dimanche 2 mars 2008

Bach Coltrane


C'était vendredi soir à la Station Alexandre, à Marseille. Un concert de 2h avec le quatuor Manfred, Raphaël Imbert (sax), Jean-Luc Di Fraya (voix, percus), Michel Peres (contrebasse) et André Rossi (orgue).
Un moment de grâce pure.
Une vraie rencontre entre Bach et Coltrane sur le terrain de l'écriture et de l'improvisation.
En direct, sans bidouilleries de machines ou de collages pour bien nous faire comprendre les parallélismes de compositions.
Des musiciens hors pair, un travail exigeant et humble, un vrai désir de donner au public présent en le considérant dans toute son intelligence et sa sensibilité, avec force, émotion et humour.
Des corps et des visages transfigurés et nous public, moi en l'occurence, hérissé de tous mes cils vibratiles du début à la fin, recevant, recevant avec gratitude et émerveillement.
On nous parle du mysticisme, point commun entre Bach et Coltrane.
Pas forcément dans un rapport à Dieu mais dans une transfiguration de notre simple condition terrestre. L'expression de ça dans du concret quel qu'il soit.
Et là, mention très spéciale à Jean Luc Di fraya.
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A la première note qui sort de son gosier, on sent qu'il se passe quelque chose d'inhabituel.
Quelque chose de très grand, très vaste, très ample, puissant et léger à la fois.
Et puis il chante : "He nevuh said a Mumbalin'World" (negro-spiritual) et là, l'émotion enfle jusqu'aux sanglots, impossible à maîtriser, comme un bon gros chagrin d'enfant qui remonte des profondeurs. Et on a juste envie qu'il ne s'arrête jamais de chanter, celui-là !
Et on pense à beaucoup d'autres qui chantent, qui ont une sorte de succès et là on pleure encore, mais ce ne sont plus les mêmes : on est juste navré que l'humanité s'entraîne à descendre si bas alors qu'elle pourrait grimper si haut...

J'ai eu la sensation, plus que la compréhension, très exacerbée à cet instant de l'importance d'être au plus près de soi et de l'urgence de se débarasser de tous les à prioris, les préjugés et les idées reçues sur ce qu'il est bon de faire ou de ne pas faire.
Juste s'écouter et se redemander sans cesse, qu'est-ce que j'ai à dire, moi ?
Comment je veux le dire ?
Sans se préoccuper de savoir si tout ça est bien raisonnable, bien cadré, cadrable, convenable, convenu, ou au contraire absolument original, nouveau, surprenant.
Juste une connexion à son désir et à son être le plus organique, même si à cet endroit on a le sentiment de n'être rien de plus qu'une amibe...

2 commentaires:

blogarcia a dit…

Pour ceux qui n'ont pas pu assister aux concerts, qui y ont assisté et ont envie de retrouver un peu de cette magie chez eux, on peut aussi dire que l'on peut acheter le CD sur le site d'Amazon par exemple.

Rachida a dit…

par exemple... ça donne envie d'assister à un de ses concerts!