vendredi 30 octobre 2009

Vendredi sexta feira São Paolo


Je n'ai pas trouvé le moyen de tranférer mes photos de mon téléphone vers mon mini-ordi eepc.
Donc, j'illustrerai ce séjour avec des images internet...
Le voyage s'est bien passé.
Après un whisky, une coupe de champ et une liqueur de poire, je me suis quelque peu assoupi pendant 7h. Le temps d'un petit déj et nous étions arrivés à SP.
C'est un peu étrange la sensation de n'avoir passé que 3h dans l'avion (12h en réalité) et d'avoir fait 9500km.
Je me suis re-étalé 1/2h en arrivant à l'hôtel.
Et après un déjeuner dans un "restau au kilo" (le principe de ce genre de restau très répandu au Brésil est un buffet + ou - conséquent selon les endroits, où l'on remplit son assiette de ce que l'on veut et que l'on fait peser ensuite, sachant que la salade - chère pèse - que la viande + chère) une plâtrée de sushis (grosse communauté japonaise dans cette ville), on avait rv à 14h pour une première séance de travail.
Retrouvailles joyeuses et émouvantes avec les brésiliens "aaaaahhhh ! querido... lindo... saudades de você !!!", c'est comme un refrain que l'on connaît par coeur, dont on rit après mais c'est un jeu dans lequel on rentre avec plaisir avec moultes effusions et embrassades collées/serrées ! c'est le plaisir aussi de repasser à la réalité après une année de Skype.
On a lu la pièce pour la nouvelle (à chaque fois nouvelle) répartition des langues française et portugaise.
Plaisir de réentendre ce texte savoureux et de le redécouvrir dans ces nièmes variations.
Pour ma part, c'est l'énorme plaisir et satisfaction de jouer en portugais. après une année de cours et d'études assidus du portugais à l'Hispam à Marseille, avec Tania, ma chère professora paulista.
Hier soir, on est allé voir avec Catherine, Gustavo e Simone une pièce dans laquelle joue Sandra, une des actrices du Retour Au Désert.
7 monologues de personnages + ou - fous ou en tous cas, perturbés. 21h à SP, minuit pour mon horloge interne et 95OOkm dans les pattes : j'avoue... je n'ai pas tout compris.
Je peux même dire que je n'ai pas capté grand chose. J'ai juste lutté avec le sommeil.
Temps gris et pluvieux, températures tempérées (+ou- 18°).
Aujourd'hui, répé de 14 à 22h.
Et un peu du matin pour aller errer sur la Paulista, l'avenue principale de SP.
Le sentiment d'être au Brésil, même ici dans cette mégapole surexcitée et polluée, est quand-même très fort.
Prazer (plaisir).

mardi 27 octobre 2009

Veille de départ à São Paolo


Voilà, c'est reparti pour un tour.
Demain, 23h20, vol Paris/São Paolo.
Un court séjour de 12 jours.
"Le Retour au Désert" ou bien "O Retorno ao Deserto" en franco-portugais, avec des brésiliens dedans.
Et une troisième version avec plus de portugais, des rôles qui ont été intervertis en France mais pas encore au Brésil, un changement de comédien un brin inattendu.
Bref beaucoup de boulot en un minimum de temps avec en plus des lectures, des conférences et des spectacles à voir.
Intense tournée en perspective.
Je vous tiens au courant !

mardi 6 octobre 2009

Desperate Singers : une critique



Et quelle critique !!
Merci à Mercy Seat (http://www.discordance.fr) pour ce compte-rendu flamboyant !

Il y a toujours quelque chose de pathétique et de dérangeant dans les hommages faits aux chanteurs morts : trop souvent sacrifiées sur le sacro-saint hôtel de la mémoire intouchable, ces soirées peuvent très vite se transformer en rassemblement de clones grimés à outrance qui, les yeux rivés sur un grand écran, braillent approximativement sur « ces plus grand tubes rien que pour vous ».

Théatre des Bouffes du Nord - Lundi 28 septembre / Festival d’Ile de France

Et bien penser cela c’est se fourvoyer grandement sur l’aura magnétique de Klaus Nomi et l’héritage foutraque qu’il laisse derrière lui. Avec son Oratorio Burlesque et Tragique, l’ensemble classique Télémaque donne pour le chanteur un requiem baroque et brechtien, décalé et raffiné, et en tout les cas à la hauteur.

L’homme à la tête de clown

Déjà, Klaus Nomi, c’est qui ? C’est quoi ? C’est quand ? Klaus Nomi c’est cet extraterrestre synthétique qui, un jour parachuté dans le New York bouillonnant des années 80 décide de mettre sa voix de contre-ténor au service du Rock, et son âme au service de son art.

Klaus Nomi c’est aussi ce clown triste au regard plastique qui allie la rigueur glacial de l’électro, à la mélancolie profonde de la renaissance et l’ironie mordante du cabaret. Qui a dit bizarre ?

Space Odditty

C’est cette « étrangeté spatiale », que l’ensemble Télémaque retranscrit sur scène avec une subtilité déconcertante : le visage grimé comme des clowns blancs, vêtus de tenues dépareillées qui rappellent autant la cour du Roi Henri VIII que le Kit Kat Klub de Berlin dans les années 30 (robe de mise pour les femmes comme pour les hommes), ils transgressent sans strass, ni épaulette, les barrières que Nomi se faisait un plaisir de briser : les hommes chantent comme des femmes, les femmes jouent comme des hommes, on joue du piano comme on jouerait de la guitare et la contre basse passe d’accompagnement à instrument principal.

Autrement dit, un joyeux bazar, où il fait bon se laisser prendre au jeu. De toute manière, le spectateur n’a pas trop le choix : il est constamment mis à contribution, pris à parti et mis à l’ordre par les deux Ténors/Maitres de Cérémonie qui assurent le rythme soutenu de la soirée. Aucune pause, aucun temps morts, même dans les moments plus calmes, l’intensité dramatique est tellement palpable qu’on ne peut relâcher son souffle, comme le Génie du King Arthur de Purcell que Nomi avait immortalisé avec Cold Song.

Splendeur avant la Chute

Car finalement, le fil conducteur de cette soirée, plus que Klaus Nomi lui-même, c’est cette énergie omniprésente, cette tension permanente qui nous rappelle que « quelque belle que soit la fin, on jette un peu de terre et en voilà pour jamais » (Pascal, Pensées). En témoigne le choix des pièces interprétées : The Cold Song (King Arthur, Henry Purcell) The Witch is Dead (Wizard of Oz, Harlod Harlen) Requiem for a Party Girl (Patria III, Murray Schaffer), Dido’s Lament (Dido and Aeneas, Henry Purcell). L’ombre de la mort plane sur chacune de ces œuvres, implacable et omniprésente.

On la met sous les feux des projecteurs pour tenter de l’apprivoiser, et on tente désespérément de la cerner. On essaye même parfois d’y échapper ou de s’en cacher. Parfois même on la devance, et on finit par lui faire face. Du burlesque au tragique il n’y a qu’un pas, que l’ensemble Télémaque fait en douceur. Lentement, l’oratorio burlesque se métamorphose en élégie funeste et les larmes de rire se voilent de tristesse. Le concert qui s’achève sur « la mort de Didon » résonne comme un chant du signe dans le Théâtre des Bouffes et nous laisse bête devant l’efficacité d’autant de simplicité.

Ramener Nomi à son essence, le dépouiller de ses artifices clinquants et voir derrière le masque pour en tirer son énergie la plus sincère, voilà l’hommage le plus vibrant que l’on pouvait faire à ce desperate singer. Merci donc, l’ensemble Télémaque, d’avoir tout compris, mais surtout de l’avoir transmis.

Crédits photo : Stéphanie Kastner (www.stephaniekastner.book.fr)