dimanche 10 février 2008

Sirènes et Midi Net de février


Comme vous le savez peut-être, tous les premiers mercredis du mois, la compagnie Lieux Publics invite une autre compagnie sur le parvis de l'Opéra.
Une première sirène retentit, le spectacle commence et se finit quand la seconde sirène retentit à son tour.
Des fois elle sonne avant midi, des fois après midi, des fois elle ne sonne pas...
Et la seconde, des fois, elle sonne 12 minutes après la première, et des fois, plutôt 8 min ou parfois pas.
Des fois il fait très beau mais des fois y'a un mistral à décorner les gabians (plus nombreux à Marseille que les boeufs, mais moins cornus, il est vrai) et on n'entend rien.
Le budget est de 5000€ pour tout. Ca peut sembler beaucoup comme ça, mais en fait c'est rien du tout et ça veut dire que l'invention ne se répète pas pendant des semaines.
Ca doit prendre, grand maximum 5,6 jours de répétitions.
Bref, l'exercice est périlleux, mais il y a maintenant un public fidèle et curieux qui se presse en masse tous les premiers mercredis du mois pour voir un peu ce qui va bien pouvoir se passer.
Ce coup-ci, la compagnie 1 Watt, présentait "Solution".
Une histoire sans histoire qui vous met au pied du mur de briques qu'ils avaient construit là pour l'occasion.
C'est un peu la guerre on dirait, en tous cas ils jouent à la guerre les deux gars qui sont là, courageusement, à deux sur la Parvis de l'Opéra.
Ils ont décidé de faire les clowns à jouer à la guerre comme ça avec des briques qui volent en éclats et des éponges mouillées qui fusent sur la tête du public désigné comme ennemi numéro un, pour rire.
Sans rire.
Parce qu'hélas, c'est pas très drôle.
Et au final, ils pètent le mur, mais ça casse pas des briques (je sais, c'est un peu facile pour cet exercice difficile...)
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Ca fait rien, je reviendrai le mois prochain.
Ce sera peut-être bien ?

mardi 5 février 2008

Regarder droit devant soi ?


Je réitère : être joyeux, vivant, toujours dans l'envie de créer et de partager est une véritable résistance et demande de plus en plus de courage.
Ce après avoir lu le commentaire d' Etienne Chouard à propos de la ratification du nouveau traité européen et avant que notre chère assemblée ait débatu aujourd'hui de la légitimité des OGM en plein champ....

samedi 2 février 2008

Lilith dans les collèges


Nous avons créé il y a deux ans, ce que l'on appelle "une petite forme" autour du mythe de Lilith.
C'était au théâtre de la Passerelle à Gap en réponse au spectacle de Thierry Bédard "Lilith" parlant des conditions de vie des femmes iraniennes.

L'histoire de Lilith serait celle de la première femme, avant Eve, et issue de la même boule d'argile que Adam.
Au moment où Dieu les aurait séparés, Adam n'aurait eu de cesse que de se retrouver pour s'accoupler. Sauf que Adam, ne supportant pas l'idée de se retrouver à aucun moment sous sa femme, provoque la colère de celle-ci. Lilith s'enfuit du Paradis terrestre et va retrouver Satan avec qui elle s'accouple. Tandis que Dieu créé une Eve plus conforme au désir d'Adam à partir d'une de ses côtes (ou de son côté, selon les versions). C'est à dire une femme soumise qui accepte l'idée d'être toujours en dessous de l'homme dont elle est issue.

A la demande du Conseil Général, nous avons élaboré, à partir de cette petite forme, un spectacle destiné à être joué dans les collèges, pour des classes de troisième.
Avec pour but de provoquer le débat autour des questions touchant à l'inégalité filles/garçons.

Cette histoire racontée à des collégiens, "adolescents en construction", a provoqué des réactions assez fortes, voire violentes et fait émergé des faits touchant à l'intimité et à l'intégrité des personnes (filles comme garçons).
Face à ces réactions, nous nous sommes retrouvés un peu démunis.
Avant de réitérer l'expérience, nous avons suivi une "formation" de trois jours avec des personnes d'une association marseillaise travaillant sur le droit des femmes.

Ce que je retiens de ces rencontres :

- Nous touchons à de l'intime dans un cadre scolaire qui n'autorise que très rarement ce genre de connections.
- Nous envoyons des boulets dans la légitimité et le fondement des religions, donc nous remettons en question directement la famille, les parents et les adolescents dans leur construction identitaire.
- Nous touchons aux fonctionnement individuels et collectifs de sociétés dont les fonctionnements et la logique ne sont pas du tout les mêmes selon les origines des élèves que nous rencontrons. Cela a à voir avec des logiques culturelles et économiques.
Comment se différencie-t-on et avons-nous l'espace d'exprimer nos différences, tout en ayant le besoin très fort d'appartenir à un groupe ?
Cet espace, étant de plus en plus restreint, créé des réactions de repli à l'intérieur du groupe, tout en exarcerbant les besoins de s'individualiser...
- Nous questionnons le rapport à la sexualité et à ses représentations dans notre société, représentations qui se limitent souvent pour les adolescents aux images que leur en donnent les adultes au travers du porno.
(Si la femme crie c'est qu'elle est consentante - viol, tournantes s'en trouvent ainsi justifiés, oups -, elle est au service de l'homme, pour être un homme, il faut être dominateur et "super puissant", l'acte sexuel remplace la relation en évacuant l'intime et la prise en considération de l'autre, etc.)
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Bref, la leçon pour nos futures interventions est de mettre de côté tout ce qui nous semble "bien" et ce qu'il est impensable de penser (l'homme est supérieur à la femme, on ne peut pas permettre aux frères aînés de gérer la vie de leurs soeurs,...)
Venir humblement en tant qu'artistes donner un spectacle et ensuite, notre avis à ce propos.
Ecouter, interroger, recadrer le + objectivement possible (lois, numéros de téléphone d'urgence, orienter vers des assistantes sociales, infirmières, voire commissariat ou procureur), laisser la parole, ne rien condamner et sortir de l'affectif tout en touchant à l'intime.
Challenge !